Souvenirs d’enfance
"Quand mon oncle est arrivé Marcel Boivin, c’était le frère de ma mère, il avait été à la guerre. Ils avaient fait des recherches et ils disaient : « on sait plus où il est, on pense qu’il est mort ». Un moment donné, mon grand-père avait reçu une lettre comme quoi il s’en venait, qu’ils l’avaient retracé puis 5 ou 6 jours après, il est arrivé à la maison chez mon grand-père habillé en soldat. Il revenait de l’autre côté. Ça m’avait marqué ça
Moi ce qui m’avait marqué, c’était un peu plus vieux, Willie Lamothe mettait son cheval pas loin de chez nous. Il avait un Palomino. Puis pour nous autres, c’était d’aller là juste pour voir qu’est-ce qui se passait. Les gens qui faisaient de l’équitation prenaient la rue Bellechasse, qui n’était pas une rue, puis ils s’en allaient vers le bas des terres avec leurs chevaux pour aller se promener. Ils louaient des chevaux. Il y en avait d’autres, c’était des privés qui avaient des chevaux et qui les mettaient en pension là.
Origine de mon nom de famille
Le premier qui est arrivé ici s’appelait Olivier Le Tardif. Il était arrivé avec Frontenac. Il était interprète avec les « Indiens » et faisait partie de la compagnie des Cents Associés.
Origine de mon prénom
J’ai été baptisé sous le nom de Joseph Jules René. Jules, c’est parce que j’avais un de mes oncles qui s’appelaient Jules. Joseph, c’était mon grand-père qui s’appelait Joseph. René, je ne le sais pas C’est un nom qui était dans le temps.
Mes parents
Ma mère c’est Juliette Boivin, elle restait à la maison. Elle m’a dit que toute jeune, elle a travaillé au journal La Patrie de Montréal. Un bout, un an, deux ans je ne sais pas Après ça, elle est toujours restée à la maison.
Mon père a travaillé à la Noranda Copper Brass, il faisait des minutions pour la guerre puis il était en charge de tout un département pour faire travailler...
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"Quand mon oncle est arrivé Marcel Boivin, c’était le frère de ma mère, il avait été à la guerre. Ils avaient fait des recherches et ils disaient : « on sait plus où il est, on pense qu’il est mort ». Un moment donné, mon grand-père avait reçu une lettre comme quoi il s’en venait, qu’ils l’avaient retracé puis 5 ou 6 jours après, il est arrivé à la maison chez mon grand-père habillé en soldat. Il revenait de l’autre côté. Ça m’avait marqué ça
Moi ce qui m’avait marqué, c’était un peu plus vieux, Willie Lamothe mettait son cheval pas loin de chez nous. Il avait un Palomino. Puis pour nous autres, c’était d’aller là juste pour voir qu’est-ce qui se passait. Les gens qui faisaient de l’équitation prenaient la rue Bellechasse, qui n’était pas une rue, puis ils s’en allaient vers le bas des terres avec leurs chevaux pour aller se promener. Ils louaient des chevaux. Il y en avait d’autres, c’était des privés qui avaient des chevaux et qui les mettaient en pension là.
Origine de mon nom de famille
Le premier qui est arrivé ici s’appelait Olivier Le Tardif. Il était arrivé avec Frontenac. Il était interprète avec les « Indiens » et faisait partie de la compagnie des Cents Associés.
Origine de mon prénom
J’ai été baptisé sous le nom de Joseph Jules René. Jules, c’est parce que j’avais un de mes oncles qui s’appelaient Jules. Joseph, c’était mon grand-père qui s’appelait Joseph. René, je ne le sais pas C’est un nom qui était dans le temps.
Mes parents
Ma mère c’est Juliette Boivin, elle restait à la maison. Elle m’a dit que toute jeune, elle a travaillé au journal La Patrie de Montréal. Un bout, un an, deux ans je ne sais pas Après ça, elle est toujours restée à la maison.
Mon père a travaillé à la Noranda Copper Brass, il faisait des minutions pour la guerre puis il était en charge de tout un département pour faire travailler les gens. C’était loin cette place-là Il n’y avait pas de transports en commun, il fallait qu’il prenne un bout en autobus puis après ça marcher pour aller travailler dans l’est de Montréal sur la rue Notre-Dame ou Sherbrooke. La compagnie Noranda pas loin du plan de la Shell. Puis il a voulu se perfectionner, il a suivi des cours par correspondance pour le dessin, il a travaillé un bout de temps pour Montréal Tramways mais ça n’a pas fonctionné, il est allé travailler à Canadair, il était dans le département des gigmaker, le département de pièces pour les avions. Il a fait de la tool prooving, c’est de l’instrumentation, puis après il a pris sa retraite.
Mon éducation
La première année, c’est les sœurs qui nous enseignaient. Après ça, il fallait s’en aller en deuxième année, troisième année à Saint François Solano, c’était les Frères du Sacré Cœur qui nous enseignaient. J’ai été jusqu’en neuvième ou dixième année, après ça j’ai été apprendre mon métier d’électricien à l’école au coin de Davidson et Hochelaga. Il fallait que tu sois là deux ans, les métiers qu’ils enseignaient : machiniste, fondeur, électricien, menuisier, modellerie. J’ai fait deux ans, puis après ça je suis parti sur le marché du travail.
Le travail
J’étais électricien de métier et puis je faisais beaucoup de travail de shooting, la détection de problèmes et les résoudre, les localiser. J’ai travaillé quand ils ont fait le Pont Hyppolite Lafontaine, la place Ville Marie, on a travaillé quand ils ont bâti BP, qui n’est plus là aujourd’hui. Tous les plans d’huile, les plans chimiques à Montréal Est, Varennes, Shawinigan, qui est devenu Pétromont aujourd’hui. Je me suis promené partout. J’ai été me promener jusqu’à 900 miles en haut avant d’arriver sur la calotte puis de redescendre de l’autre côté de la terre. J’ai décelé des problèmes parce qu’il y avait eu des problèmes là-bas. Au niveau électrique toujours.
Mon arrivée dans Rosemont
Moi je suis venu au monde en 1939, quand la guerre s’est déclarée. Je pense que je suis venu au monde ici dans Rosemont parce que j’ai été baptisé à la paroisse Saint François Solano au mois de novembre.
Mon grand-père était de Rosemont, mon grand-père Boivin. Il y avait ses sœurs, ses frères dans le coin, faut croire qu’ils sont venus ici pour rester dans Rosemont.
J’ai demeuré sur la rue Charlemagne entre Dandurand et Masson, je me rappelle de ça, on demeurait dans un troisième étage et on avait pour jouer dans ces années-là, quand on était tout petit là, on avait une galerie et le hangar en arrière. Quand tu avais la chance, tu pouvais descendre dehors puis aller jouer dans la cour d’école qui n’était pas loin au coin de Dandurand puis Charlemagne. Je m’en rappelle, c’était une vieille école qu’il y avait là, ça déjà été une église puis c’est devenu une école qui faisait la première et la deuxième année. Après ça, un peu plus vieux, on a déménagé sur la rue Orléans entre Dandurand et Masson à peu près au même niveau.
Le quartier Rosemont
Les éclairages des rues Moi, j’ai eu connaissance, j’étais tout jeune, on voyait venir le gars puis là il se promenait avec une poche sur le dos, il descendait les lumières de rue avec une corde. Elle mesurait peut-être trois pieds cette lumière-là, il rouvrait la boule en dessous puis là,c’était des lumières au carbone. Il posait le carbone dessus puis il remontait ça en haut. Le soir, bien je ne sais pas comment, il y avait quelqu’un qui passait et mettait le circuit pour allumer ça. Ça brûlait ces affaires-là, ces carbones-là C’était le même principe que quand tu allais voir des films au théâtre Rosemont sur Masson : un morceau de carbone pour faire de la lumière, pour projeter sur les écrans.
Les commerces dans Rosemont
Quand j’étais jeune, j’allais avec ma mère au coin d’Orléans et Dandurand, il y avait une épicerie qui s’appelait Bonin. Moi-même j’ai travaillé là quand j’étais jeune. Les fins de semaine pour me faire de l’argent, je livrais les commandes des gens qui appelaient par téléphone pour se faire livrer leur épicerie, leur viande ou leurs bières. L’été en bicycle et l’hiver avec un traîneau. Après ça, il y avait un nommé Joyal qui était sur Dandurand près de Bourbonnière.
Il y avait une cordonnerie au coin de Bourbonnière et Dandurand, c’était Monsieur Graus qui avait ça. Le dimanche, avec mon frère, on allait faire cirer les souliers. Il nous cirait les souliers avant d’aller à la messe ou en revenant de la messe, c’était un peu divin Les gens qui faisaient ça, je ne sais pas, quand t’es jeune ça attirait ton attention avec la fameuse, je ne sais pas comment on appelle ça, le linge puis la pâte qui tapait sur le soulier, c’était spécial On dirait qu’il aurait pu chanter puis faire de l’accordement avec ça.
C’était la vie, il y avait des commerces, des petites épiceries, des petites cordonneries, les ruelles. C’était tout en terre, ce n’était pas comme aujourd’hui en ciment. Dans ce temps-là, moi je me rappelle, le pain était livré avec un cheval puis une voiture et puis son cheval savait où arrêter, à quelle porte, pour aller porter du pain. Aussitôt qu’il voyait arriver le gars pour embarquer dans voiture en question, il partait, il avançait tout seul et il arrêtait un peu plus loin. Sans commander, il savait où aller, il connaissait sa run. L’hiver, c’était des sleighs, il livrait le lait, c’est la même chose, avec des sleighs. Quand il y avait de grosses tempêtes, ils attelaient ça en double, des chevaux en double, parce que les voyages étaient gros et les gars en arrachaient là-dessus, c’est épouvantable, ils gelaient comme des c’est pas possible.
Tu allais à une place sur Masson où il vendait des biscuits, des bonbons, de la crème glacée le dimanche. C’était des épiceries très rudimentaires, toutes petites, ce n’est pas comme aujourd’hui. Des affaires toutes petites de quartier plutôt.
Au coin entre 11e Avenue et Masson, il y avait un clos de bois qui était là. Comme il y en avait d’autres entre Charlemagne puis Orléans, ils ont démolit ça puis oup Il est arrivé un Steinberg. Ah bien là c’était un magasin de grande surface par rapport aux petites épiceries qu’on avait, on avait plus de choses.
Le transport
Ah oui les transports Il y avait les tramways qui reviraient 13ème Avenue puis Masson, après ça ils sont venus revirés à Jeanne d’arc qui allait jusqu’au Mont-Royal et qui prenait Masson, Iberville, Frontenac, Mont-Royal jusqu’à Parc Avenue. Tu avais les autobus aussi, les trolleybus qu’ils appelaient sur Beaubien.
On a couru aussi le tramway, on appelle ça des tramways, c’est Sutton Railway. Ils reviraient à McGill. C’était un char noir, on les appelait les chars noirs, ça allait jusqu’à Granby ces sortes de tramways-là. Ils allaient en bas du pont Jacques Cartier à Longueuil. Ça se tenait plus vers la Rive Sud.
Ah on s’amusait On n’avait pas grand-chose à faire alors on se trouvait quelque chose à faire : on prenait les tramways puis on se promenait tout partout là.”
Des loisirs il y en avait pas tellement, on allait se promener en tramway le plus loin possible qu’on était capable jusquà tant que le conducteur nous enlève notre transfert et nous dise : « T’as pas le droit Faut que tu repayes encore là » parce qu’on revenait sur nos pas, mais c’était juste pour aller côté ouest ou nord. On pouvait pas revenir est descendre sud. En tout cas, on faisait ça
On se promenait un peu partout jusqu’à Lachine et Ville Saint Pierre en tramways. Quand on passait dans Cour Turcot, le conducteur passait avec une boîte et il fallait payer cinq sous parce qu’on passait dans une autre municipalité pour se rendre à Lachine, Ville Saint Pierre, le long du canal Lachine. Dans la Cour Turcot, il y avait les trains là. Quand c’était pas là, tu prenais l’autre bord, tu montais jusqu’à Cartierville, parc Belmont puis là tu passais dans le champ, il n’y avait pas d’asphalte, il n’y avait rien, c’était pareil comme les trains, la voie ferrée.
Les activités dans Rosemont
Il y avait des jardins, on allait jouer aussi dans le Jardin botanique, puis il y avait des lacs dans le temps-là, ils sont encore là aujourd’hui. De temps en temps, on se faisait courir par la police de Montréal à cheval parce qu’ils ne voulaient pas, ils voulaient nous sortir de là parce qu’on allait trop loin. Mais quand t’es une gang de petits gars, tu t’amuses, tu te fais un fun noir là-dedans. Nous, on allait chercher des cerises sauvages. On mangeait ça, on avait la bouche pâteuse, violette, toute sorte de couleurs. Quand on avait la chance d’attraper un abreuvoir, on mettait de l’eau dedans puis du sel pour que ça les rende moins surette.
Quand on voulait des activités, il n’y avait pas d’argent, rien Il fallait aller le chercher nous autres, travailler pour aller chercher de l’argent pour avoir des activités. On allait chez des cultivateurs à Saint Léonard de Port Maurice qui aujourd’hui est Saint-Léonard. On allait chez des cultivateurs ramasser les carottes, des bouchures, des paniers puis ça nous donnait de l’argent. Quand c’était pas ça, c’était ramasser les journaux, La Presse, les autres apportaient ça à l’école puis ils ramassaient, je sais pas moi, quatre cinq tonnes de papier puis ils vendaient ça pour qu’on aille de l’argent pour faire des activités.
Quand j’étais jeune, j’aimais faire de la natation, je venais me baigner dans tous les bains publics que la Ville de Montréal avait bâtis, comme ici pas loin, il y avait le Bain Rosemont. Place publique, les parcs, on allait jouer. J’ai fait parti d’une équipe de balle molle ou de baseball.
On pensait tout le temps quand on a fait partie d’une équipe de hockey d’être capable de jouer pour l’équipe des Canadiens. Il y en avait un dans notre équipe, on s’est dit qu’il allait se faire repêcher c’était certain. Ça n’a pas été le cas, il n’est pas passé puis, nous autres aussi on a pas passé. Il s’appelait Bergeron, c’était un vrai talent ce jeune-là. Je ne sais pas, il ne devait pas avoir d’éclaireur dans le coin.
On s’amusait avec rien, tout ce qu’on pouvait s’amuser là on l’inventait, on le fabriquait, on se faisait toute sorte d’affaires parce qu’il n’y en avait pas d’activités. Jouer avec des boîtes, aux billes, se fabriquer des scooters avec des boîtes à oranges, puis toute sorte d’affaires. L’été ou l’hiver, glisser avec une demi-lune de baril de vin puis se planter dans un poteau.
Le voisinage dans Rosemont
C’était un petit peu comme une famille, il y avait des gens qu’on connaissait qui restaient dans notre coin. Il y en avait un qui s’appelait Baptiste, il était gros le bonhomme, il pesait trois ou quatre cents livres, une affaire de même Pis c’était lui qui travaillait pour la Ville de Montréal, c’est lui qui s’occupait des patinoires. Ça ne restait pas loin de nous autres, ça jasait. Il y en avait un autre qui tenait un genre de restaurant, il vendait des bonbons, de la crème glacée, ces affaires-là. Ça se parlait les gens mais c’était un voisinage bien ordinaire.
Où je demeurais au début, je restais au troisième, il y avait une madame qui restait au deuxième, c’était une Anglaise. Je descendais en bas et un moment donné je parlais en anglais avec, j’avais 4 ou 5 ans. Ça avait l’air que je parlais couramment avec elle. Elle a déménagé un moment donné et j’ai tout perdu. C’est ça le voisinage, au fil des années, quand j’ai été plus vieux, on parlait un peu aux gens mais pas plus qu’il faut. Le monde était pas mal à leur affaire.
Un individu marquant dans Rosemont
Monsieur Trottier, Les Lemay, les Brochu qui était sur Saint-Joseph qui avaient la Canadian Rock and Steal, ils étaient dans l’acier puis ils étaient pas mal impliqués dans le sport. C’était des gens qui étaient assez en moyens.
Qu’est-ce qui distingue Rosemont
C’était bon à vivre, c’est un bon quartier Rosemont par rapport à d’autres quartiers. Tu t’éloignais plus vers l’ouest et ce n’était pas la même chose, c’était plus la campagne. Il y avait un peu plus de familles là. C’était la campagne, on était bien, on n’était pas dans le grand village du centre-ville de Montréal."
- René Tardif
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