Souvenir d’enfance
Moi je suis venu au monde à Rosemont. Dans une petite maison sur la rue Bordeaux un peu au Sud de la rue Beaubien. Faut dire que dans le temps la ville et la vie n’étaient pas tant divisée par quartiers que comme par paroisses. Tout ce quon faisait cétait tout géré par le curé. Alors nous autres dans la paroisse Saint-Jean-Berchmans, quand je suis né, en 1932, léglise n’était pas bâtie encore. Jétais tout petit puis on assistait à la création de cette grosse église. Cétait fait avec une nouvelle technique, tout avait été coulé dans quatre jours et tout dun bloc. Cétait un Don Bello, cest le même architecte qui a fait loratoire Saint-Joseph donc ça été une des premières églises très modernes de Montréal. Puis moi, comme petit cul, on allait jouer sur le sentier, ça cest dans mes premiers souvenirs
Mon arrivée dans Rosemont
Moi je suis né à Rosemont en 1932, cétait sur la rue Bordeaux, je ne me souviens pas exactement, un peu au Sud de Beaubien. Moi je suis né là. Mon père, je pense que cétait un de ses premiers logements à ce moment-là. Lui il travaillait au Lac des Bois sur la rue Saint-Denis ou Saint-Grégoire dans ce coin là. Il venait de Drummondville puis il restait en chambre. Cest madame Légaré qui tenait sa petite maison, cétait pas tout à fait une maison de chambres, cétait de la parenté qui était juste sur la rue des Carrières où elle rencontre le boulevard Rosemont, Des Carrières près de la 2e Avenue.
Alors quand il sest marié, ma mère qui venait de Saint-Louis-de-Gonzague, restait chez sa tante. Donc, ils étaient tous les deux sans lieux, sans familles. Quand ils se sont mariés, ils se sont trouvés à se marier à léglise Saint-Jean-Berchmans. Puis là ils sont restés là, mon père est resté là toute sa vie.
Lhistoire de mon prénom
Parce que mon parrain sappelait Raymond, je mappelle Joseph Raymond Claude. Claude cétait un nom qui était très très à la...
Continuar leituraSouvenir d’enfance
Moi je suis venu au monde à Rosemont. Dans une petite maison sur la rue Bordeaux un peu au Sud de la rue Beaubien. Faut dire que dans le temps la ville et la vie n’étaient pas tant divisée par quartiers que comme par paroisses. Tout ce quon faisait cétait tout géré par le curé. Alors nous autres dans la paroisse Saint-Jean-Berchmans, quand je suis né, en 1932, léglise n’était pas bâtie encore. Jétais tout petit puis on assistait à la création de cette grosse église. Cétait fait avec une nouvelle technique, tout avait été coulé dans quatre jours et tout dun bloc. Cétait un Don Bello, cest le même architecte qui a fait loratoire Saint-Joseph donc ça été une des premières églises très modernes de Montréal. Puis moi, comme petit cul, on allait jouer sur le sentier, ça cest dans mes premiers souvenirs
Mon arrivée dans Rosemont
Moi je suis né à Rosemont en 1932, cétait sur la rue Bordeaux, je ne me souviens pas exactement, un peu au Sud de Beaubien. Moi je suis né là. Mon père, je pense que cétait un de ses premiers logements à ce moment-là. Lui il travaillait au Lac des Bois sur la rue Saint-Denis ou Saint-Grégoire dans ce coin là. Il venait de Drummondville puis il restait en chambre. Cest madame Légaré qui tenait sa petite maison, cétait pas tout à fait une maison de chambres, cétait de la parenté qui était juste sur la rue des Carrières où elle rencontre le boulevard Rosemont, Des Carrières près de la 2e Avenue.
Alors quand il sest marié, ma mère qui venait de Saint-Louis-de-Gonzague, restait chez sa tante. Donc, ils étaient tous les deux sans lieux, sans familles. Quand ils se sont mariés, ils se sont trouvés à se marier à léglise Saint-Jean-Berchmans. Puis là ils sont restés là, mon père est resté là toute sa vie.
Lhistoire de mon prénom
Parce que mon parrain sappelait Raymond, je mappelle Joseph Raymond Claude. Claude cétait un nom qui était très très à la mode dans ce temps-là parce que tout le temps que jai été école jai toujours eu huit ou neuf Claude dans ma classe. Tous les ptits culs sappelaient Claude.
Mes parents
Mon père est né en 1900 à Saint-Félix dans le bout de Drummondville. Il a fait ses études au séminaire. Puis un moment donné, sa mère est morte et son père sest remarié. Il ne sentendait pas bien avec sa belle-mère alors à lâge de 16 ans, je crois bien, il a quitté le collège puis il sest envenu à Montréal.
Il est venu demeurer à Montréal au bout de ce quon appelait dans le temps, Le chemin des pieds noirs, après ça cest devenu la rue des Carrières. Juste où la rue des Carrières rejoint le boulevard Rosemont, près de la 2e Avenue. Mon père, quand il est arrivé à Montréal, il a été travaillé au Lac des bois. Le Lac des bois cétait une meunerie de farine, la farine Fiverose, sur la rue Saint-Denis ou Saint-Grégoire.
Mon père était journalier, mais sa passion, mon père était maître de chambre. Alors, cest lui qui a chanté toutes les messes à partir de 1920 jusquen 1980 sans manquer une journée. Il a été un des fondateurs de la chorale de Saint-Jean-Berchmans qui était un coeur très connu et qui sest transformé plus tard dans le Choeur Marie-Reine-des-Coeurs. Quand ç’a changé puis ils ont arrêté de chanter en latin, les chorales sont devenues un peu moins indispensable. Mais toute notre vie était orientée autour de léglise. Ma mère, on était huit, alors ma mère avait moins le temps, mais quand même, elle a toujours été dans les Dames de Sainte-Anne. Cétait le genre de femme qui allait assister les vieilles qui mouraient dans la paroisse, dans son coin. Puis les femmes qui accouchaient même si elle était débordée douvrage elle allait passer une journée ou deux.
Ma famille
Jai deux enfants, Michel et Martine. Michel est opérateur de chariot élévateur. Martine elle est comptable chez Métro.
Mon éducation
Moi jai été à lécole Saint-Jean-Berchmans jusquen 9e année puis après la 9e année jai été à lécole Le Plateau dans le parc Lafontaine pour faire ma 10, 11, et 12e.
Le travail
Quand je suis sorti de là jai été travaillé dans un magasin, jai été commis. Jai passé le restant de ma vie dans le commerce de détail.
Le quartier Rosemont
Quand jétais petit, quand on parlait du vrai quartier de Rosemont là, on parlait des rues entre Iberville pis les avenues, à la hauteur de Masson, Dandurand, Masson. Le boulevard Rosemont commençait à Papineau. Après, plus à lOuest, on appelait ça la rue Fleurimont ça sappelait De Fleurimont. Sur un côté il y avait la carrière, le dépotoir des Carrières puis sur lautre côté cétait, ç’a été une carrière après, cétait un immense cratère rempli deau. On se faisait des radeaux, on allait jouer, il ny avait pas dhabitations, il y avait rien.
Mais cétait surtout Saint-Marc et Saint-Jean-Berchmans. Faut dire que Saint-Marc, les gens de Saint-Marc, regardaient les gens de Saint-Jean-Berchmans comme des pouilleux un peu parce que la paroisse Saint-Marc était plus, les maisons étaient plus récentes, le train de vie était plus élevé. Cétait une paroisse qui n’avait pas de taverne. La taverne de Saint-Marc cétait la taverne Roger sur la rue Beaubien qui était à la limite de Saint-Jean-Berchmans. Les gens de Saint-Marc venaient boire là, mais dans Saint-Marc, le curé était bien fier de dire que lui il n’avait pas de bars. Dans ce quartier, dun côté on était dans la paroisse Saint-Jean-Berchmans au Sud du boulevard Rosemont, ce qui était peu plus cheap que ceux qui étaient au Nord du boulevard Rosemont.
Parce quon était plus près de la voie ferrée. La voie ferrée passait le long de Dandurand, ça faisait le fond de la paroisse. La Fête Dieu par exemple passait très rarement au Sud du boulevard Rosemont. Les gens respectables restaient sur le boulevard Rosemont, Bellechasse, vers Beaubien, surtout vers lOuest aussi. En face de la rue Marquette cétait les dépotoirs, y avait des maisons rien que sur le côté Est. Je me souviens qu’il y avait deux grosses familles qui demeuraient sur la rue Marquette près de Des Carrières. Jusquà lâge de 9 ou 10 ans, les enfants, lété, étaient pas habillés. Les enfants étaient tout nus toute la journée, les enfants jouaient dehors toute la journée comme on voit en Afrique. On est en pleine ville.
Notre milieu principal cétait euh on appelait ça le Rond Dubreuil. Cest où il y a maintenant lécole Marquette, la Polyvalente Marquette. Mais sur le coin là, Dubreuil cétait le quincaillier au coin du boulevard Rosemont pis Papineau. Puis il était échevin, député provincial et député au fédéral. Donc cétait lui qui était le boss de tout.
Notre milieu principal cétait euh on appelait ça le Rond Dubreuil. Cest où il y a maintenant lécole Marquette, la Polyvalente Marquette. Mais sur le coin là, Dubreuil cétait le quincaillier au coin du boulevard Rosemont pis Papineau. Puis il était échevin, député provincial et député au fédéral. Donc, cétait lui qui était le boss de tout.
Moi la première carrière que jai connue quand jétais petit, on lappelait la Carrière Martineau. Elle était au Nord de Bellechasse, à lEst de Marquette mais au Nord de Bellechasse. Je me souviens, jétais tout petit puis on se tenait proche puis là les vidangeurs ou les gens qui travaillent nous donnaient de largent pour quon aille leur acheter de la bière à lépicerie Bourdon juste au coin de Bellechasse. On mettait ça dans des sacs, on allait leur porter, on leur apportait ça, javais six ans cinq ans.
Les commerces
La vraie rue commerciale pour les gens de notre bout, cétait la rue Saint-Hubert. Mais la rue Beaubien cétait de beaux petits commerces, ce lest encore dailleurs, la rue Beaubien a pas changé tellement. La rue Beaubien cest une rue commerciale locale, mais toujours avec un cachet spécial.
Je me souviens quand jétais jeune, ma femme, quand on était jeune marié, on allait chez madame Poissant qui avait un petit commerce de linge denfant. De toute beauté Plus jeune, on allait chez Fournier. Fournier ça cest un magasin sur le boulevard Rosemont. Les paroisses cétait drôle hein Autour de léglise, il y avait toujours des épiceries sur tous les coins de rue de la de la paroisse. Mais autour de léglise il y avait toujours des cordonniers, des pharmacies, toutes les églises étaient entourées de commerces.
Le transport
Jai été dans le tramway pendant longtemps. Parce que quand jai commencé à travailler, je demeurais dans Rosemont puis je travaillais dans Saint-Henri. Cétait, je connaissais. Le circuit le plus intéressant cétait le circuit de Rosemont qui partait de la 26e Avenue, descendait Papineau, Papineau passait par la rue Laurier. En tout cas, le circuit se rendait jusquen gare Windsor, cétait très spécial Puis il remontait par là. Ça cétait un circuit quon prenait souvent.
Un événement marquant
À la hauteur de la rue Beaubien, à peu près à la 3e Avenue ou 5e Avenue, là il y avait un immense champ où on a fait, je dis on a fait parce que mon père était un des organisateurs en chef, le Congrès Eucharistique de Rosemont en 1945. Ça ça avait été le plus gros événement auquel j’ai assisté avant lExpo. Cétait impressionnant Quand le Congrès eucharistique a eu lieu, il y a eu des milliers de personnes, la foule se rendait jusquà la rue Beaubien.
Mon père était un des organisateurs en chef, quand il a fini, ils lui ont donné ostensoir en argent là avec un ruban. Puis après ça, mon père cétait sa fierté ça, il a trôné ça Mais ça nous avait touché nous autres aussi parce quon avait participé beaucoup. On avait passé des circulaires puis ils vendaient décalcomanies quon collait sur les portes. Mon père voulait quil y en aille dans toutes les maisons de la paroisse. Ça, pour Rosemont, ça avait été un très gros événement.
Les activités
Non il y avait rien dans ce temps-là. Nos loisirs là, moi quand jétais petit, mon parc cétait le dépotoir. On sen allait dans le dépotoir pis on allait chercher des tôles pis on se faisait des cabanes, cétait le ToysRus. Pour nous autres il y avait pas rien de plus extraordinaire. Pendant la guerre cétait scandaleux hein Pendant la guerre, nous autres on était dans un quartier assez pauvre, les surplus de larmée, ils produisaient des fois des milliers de bas de trop, ils coupaient ça en morceaux puis ils venaient jeter ça dans le dépotoir. À force de chercher on en trouvait des fois des paires de bas qui nétaient pas coupées. Des bottines, des belles bottines de larmée toutes coupées
Le voisinage
Jai toujours été extrêmement intéressé par laspect du quartier. Mais dans ce temps-là, je demeurais au coin de Des Carrières, quand jétais un peu plus vieux, au coin des Carrières et Chabot. Au coin de Des Carrières puis Chabot, il y avait un terrain vacant, la ville dans ce temps-là, en tout cas le quartier Rosemont, était divisé en petits gangs, des gangs de jeunes qui gravitaient tous autour dun terrain vacant et dune portion de ruelle. Les territoires quon développait étaient comme ça.
Nous autre juste sur ce coin-là : chez Grondin il y avait deux garçons, quatre filles, nous autres on restait au-dessus, on était cinq garçons, deux filles, en face il y avait la famille Paré qui était trois garçons, quatre filles, un tout petit peu plus bas il y avait la famille Mathieu qui était trois garçons, cinq filles pis une famille Langlois qui demeurait, on se connectait par la ruelle qui eux étaient euh deux garçons, quatre filles, puis la famille Lavigne qui était trois filles puis deux garçons. Ça là, cétait notre milieu.
Juste de lautre côté de la rue il y avait lépicerie Rangé, derrière lépicerie Rangé il y avait un autre terrain vacant qui lui était occupé par on appelait ça la gang de Denis Cartier, ça, cétait des jeunes de la rue des Carrières. Pis quand quon se déplaçait vers lEst, vers la paroisse Saint-Marc, là il y avait un champ vacant, il y avait un terrain vacant près de la rue euh des Érables, là il y avait une gang qui était là. Pis longtemps chez nous on a eu la famille, non, à lEst de des Érables sur le côté Sud et ça allait jusquà la rue Holt, il y avait un immense terrain vacant qui était occupé par les Italiens.
La ville se divisait, pour créer un clan ça prenait un terrain vacant puis un bout de ruelle pour que les petits viennent jouer aux drapeaux, on jouait toute sorte de jeux dans le terrain vacant puis ont était tout de suite surveiller par deux femmes. Madame Blondin puis ma mère contrôlaient le champ, ça cétait clair Puis les Paré, puis les Champagne qui restaient juste en face avaient une vue sur le terrain. Il y avait toujours quatre mains prêtes à voir ce quon faisait. Pis quand on tombait dans la ruelle, on était surveillé par les deux autres familles.
Les six ou sept familles que je vous ai nommé tantôt là. Nimporte quelle mère qui était dans la rue, cétait notre mère, on était comme un clan. Cest difficile à expliquer là. Nous autres on restait en haut avec les Grondins, pour les enfants une mère ou lautre cétait la même chose.
Nimporte quel parent avait autorité sur nimporte quel des enfants qui gravitaient autour du terrain vacant chez nous. La partie de la ruelle en arrière, nos parents ne nous voyaient pas de ce côté là, mais on était surveillé par madame Lavigne puis madame Langlois. On n’était jamais lâché lousse.
Un individu marquant dans le quartier
Le juge Meunier parce que cétait un politicien racé. Dubreuil cétait un clown. Monsieur Meunier, il ma donné une meilleure image de la politique là. Jai travaillé dans son organisation, tout était clean, tout était bien structuré. Mon frère lui a travaillé longtemps à la Ferronnerie Bélanger puis jai connu un peu Claude le garçon, cétait une famille dentrepreneurs assez extraordinaires et généreux. Des hommes daffaires, mais très attachés à leur quartier, très. Ils considéraient leur clientèle comme des amis.
Qu’est-ce qui distingue Rosemont ?
Moi la première affaire qui me vient, cest la propreté. Les maisons, la qualité des belles maisons quand on passe toute la rue des Érables, Des Écores. Les belles maisons avec une petite façade en pierre avec de belles fenêtres. Dans mon esprit cest un quartier propre, un quartier aéré, un quartier où on aurait goût de vivre. Encore aujourdhui, cest pas tant magané Rosemont comparé à dautres quartiers plus bas où les maisons étaient plus tassées. Il y avait beaucoup darbres hein Ce qui n’était pas courant à Montréal. Moi cest une image de propreté, de prospérité, de santé.
- Claude Prince
Recolher